los reyes del mundo afficheGrâce à l'un des élèves de terminale spécialité cinéma-audiovisuel, Barnabé Deschamp, nous avons eu l'immense plaisir d'inviter le mardi 14 mars 2023 au lycée Jimmy Laporal-Trésor, réalisateur de son premier long métrage, Les Rascals, sorti le 11 janvier 2023 dans les salles. Les élèves avaient découvert ce film exceptionnel à l'occasion de leur participation au Festival du film de Sarlat du 7 au 11 novembre 2022.

« Dès 2013, Jimmy Laporal-Trésor présente au réalisateur Manuel Chiche son idée de long métrage Les Rascals, film sur les gangs qui traquent les Noirs et les Arabes dans certains quartiers parisiens dans les années 1980. Afin d'assurer le financement du long métrage, Jimmy Laporal-Trésor tourne d'abord le court métrage Soldat noir, qui reprend un épisode dont le contenu ne rentre pas dans Les Rascals : Hughes, un jeune antillais se radicalise de plus en plus en raison de la France ouvertement raciste des années 1980 au point de devenir un « chasseur de skinheads ». Le court métrage est tourné en novembre 2020, en six jours, avec un budget de 80 000 euros. Le film est présenté, entre autres, dans le cadre de la Semaine de la critique du festival de Cannes 2021, où il est nommé pour le Prix Canal+ du meilleur court métrage. Soldat Noir est également nommé pour un César dans la catégorie du meilleur court métrage en 2022. Le tournage des Rascals commence finalement en juillet 2021. Situé en 1984, le film suit le gang des Rascals qui fait face au gang de néo-nazis skinhead Boneheads. Il travaille également sur une série télévisée comme suite directe du court métrage Soldat noir et entame l'écriture de son deuxième long métrage, Mé 67, initié dans le cadre de l'Atelier scénario de La Fémis, promo 2020-2021, sous la direction de Nadine Lamari. » (Source : Wikipédia)

Nous remercions sincèrement Jimmy Laporal-Trésor pour nous avoir confié quelques éléments issus de la réalisation des Rascals (scénario, extraits de découpage technique avec storyboard, direction artistique, etc.). Ces précieuses indications artistiques et techniques ont nourri un échange riche et passionnant avec les élèves. Nous avons hâte de retrouver Jimmy au lycée pour nous présenter son prochain travail !

jimmy laporal tresor♦ Quelle est l'envie première qui a motivé Les Rascals ?

« J'avais envie d'aller vers un cinéma typique des années 80, un cinéma populaire qui, en même temps, déroulait un propos sur la société. Aujourd'hui, on dirait que ce sont des films politiques mais à l'époque, ils étaient fabriqués comme des films populaires. Ce qui intéressait ces metteurs en scène, c'était, avant toute autre ambition, la relation avec le spectateur. Je pense à des cinéastes comme Costa-Gavras, qui ont toujours voulu faire du grand spectacle sans manquer d'y insuffler une vision du monde. On les classe du côté d'un cinéma très intellectuel, un cinéma d'idées, mais l'expérience du spectateur était cruciale chez eux. On trouve encore aujourd'hui des exemples dans le cinéma anglo-saxon, mais en France, on manque de ce cinéma populaire qui allie spectacle et fond. […] Quand j'étais petit, j'entendais plein d'argots différents selon le quartier où l'on se rendait : le “louchébem”, la langue de feu, la langue de java… Des langues auxquelles je ne comprenais rien mais que j'avais identifiées comme un code adolescent. Dans une bande, il y avait un look commun mais aussi un langage commun, secret, codé, que seuls les membres de la bande pouvaient comprendre. Dans une des premières versions du scénario, où l'enfance des Rascals était plus développée, Mandale était le fils d'un boucher, qui travaillait dans une boucherie chevaline, et à force d'entendre cet argot, il imposait le “louchébem” à la bande des Rascals. Même si nous avons a dû raccourcir cette partie, la langue est restée. Ça nous permettait de raconter une certaine France, car il y aussi l'argot de Manu, dans le bar, qui est plus du type Tontons flingueurs, typique de la France des années 50. » (Jimmy Laporal-Trésor, dossier de presse, The Joker Films)

les rascals image♦ Avec Romain Carcanade, votre chef opérateur, quels ont été les premiers sujets abordés ?

« Romain et moi nous étions mis d'accord pour faire ensemble Soldat noir et Les Rascals – l'un n'allait pas sans l'autre. J'avais déjà des références visuelles en tête, plus particulièrement des références photographiques. Nous nous sommes vite rendu compte que nous avions les mêmes, notamment Saul Leiter (pionnier de la photographie couleur) qui aime bien travailler en contre-jour, avec des noirs profonds, des rouges très vifs. Sur Soldat noir, j'avais dit à Romain que je ne voulais pas partir sur une représentation des années 1980 habituelle, c'est-à-dire une image en 4/3, très colorée, très lumineuse. Je voulais un film froid, qui allait vers le bleu et surtout, je voulais tourner en scope. Je parle de Soldat noir car nous avons travaillé de la même manière sur Les Rascals : je fais mon découpage dans mon coin, un storyboard pour certaines séquences qui me semblent plus compliquées à visualiser. Si bien que quand je prépare Soldat noir avec Romain, nous ne parlons que du découpage, de sa pertinence, de comment l'améliorer, de la grammaire que je vais utiliser. Tout le travail effectué sur Soldat noir lui a permis de comprendre comment je fonctionnais, comment je voulais travailler. Parfois, certains réalisateurs laissent leur chef opérateur faire le découpage à leur place ; Romain était là pour optimiser un découpage déjà fait et il a pu se concentrer sur son travail de chef opérateur – travailler sur la fluidité, la composition des cadres. De plus, sur Soldat noir, je l'ai poussé à faire des choses dont il n'avait pas l'habitude et le fait que ça fonctionne sur le court lui a donné confiance pour le long. Soldat noir a établi une véritable relation de confiance entre lui et moi. » (Jimmy Laporal-Trésor, dossier de presse, The Joker Films)

les rascals frederique♦ Quel portrait vouliez-vous faire de l'extrême droite de l'époque ?

« Grâce au personnage de Frédérique, le visage de l'extrême droite change des représentations habituelles. Dans les films, les politiques et les militants d'extrême droite sont souvent discrédités, comme si leur racisme venait du fait qu'ils étaient abrutis. C'est dangereux de laisser croire cela. Ils sont humains, traversés d'émotions et ils ont choisi de prendre le chemin de la haine. C'est avec Frédérique, pour qui on a d'abord de la compassion, qu'on va plonger dans ce monde, où les gens sont plutôt cohérents. Adam a le visage du gendre idéal. Ce sont des jeunes qui étudient dans de bonnes universités. Il y a même une histoire romantique entre Frédérique et Adam. Il est facile pour le spectateur de s'identifier. Puis, on plonge petit à petit dans l'enfer, avec eux. En réalité, il est impossible de schématiser les gens qui épousent des convictions haineuses. Cela pourrait arriver à n'importe quel être humain qui aura vu sa confusion ou sa détresse instrumentalisées par des personnes mal intentionnées. » (Jimmy Laporal-Trésor, dossier de presse, The Joker Films)

Synopsis

Les Rascals, une bande de jeunes de banlieue, profite de la vie insouciante des années 80. Chez le disquaire, l'un d'eux reconnaît un skin qui l'avait agressé et décide de se faire justice lui-même. Témoin de la scène, la jeune sœur du skin lui promet de se venger des Rascals. Alors que l'extrême droite gagne du terrain dans tout le pays, la bande d'amis est prise dans un engrenage. C'est la fin de l'innocence…

Bande-annonce du 29 novembre 2022 : youtube.com/watch?v=thumLqwMIXs

Dossier de presse et photos du film : thejokersfilms.com/les-rascals

Crédits photo : The Jokers Films.