Participation aux Rencontres du cinéma latino-américain 2023
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C'est dans le cadre des 40es Rencontres du cinéma latino-américain, le jeudi 23 mars 2023, que les élèves de seconde en option cinéma et de première en spécialité cinéma découvrent Los reyes del mundo, un drame de Laura Mora sorti dans les salles le 29 mars 2023.
Laura Mora est une réalisatrice et scénariste colombienne, diplômée de l'Université RMIT de Melbourne. Son premier long métrage, Matar a Jesús, a été présenté à Toronto et à Saint-Sébastien en 2017. Le film a été sélectionné dans plus de 30 festivals et a remporté plus de vingt prix. Los reyes del mundo est son deuxième long métrage : il a reçu la Concha de Oro au Festival international du film de Saint-Sébastien et l'Abrazo du meilleur film au Festival de Biarritz Amérique Latine. Lors de la compétition des 40es Rencontres du cinéma latino-américain, il remporte le Prix du jury - Fiction.
À l'issue de la projection, Laura Mora est venue présenter Los reyes del mundo et échanger avec les élèves sur leurs premières impressions. Nous remercions vivement l'équipe des Rencontres, notamment Sara, pour la qualité de la réflexion menée autour du film et la pertinence des questions posées à la réalisatrice.
« Le cinéma me permet d'essayer d'établir un dialogue réflexif et poétique avec le monde. Grâce au langage cinématographique, j'ai trouvé le moyen de sonder les émotions et les contradictions humaines, d'interroger ce qui m'inquiète et m'émeut. […] Après le tournage de Matar a Jesús, j'ai entrepris un voyage vers la côte pour voir la mer. Et en arrivant dans la ville de Ventanas, où la cordillère est plongée en permanence dans un nuage qui semble ne jamais s'éloigner, j'ai sombré dans un profond mutisme. J'ai cessé de parler à mon compagnon de voyage, et j'ai vu ces garçons qui portaient à présent le visage de ces 90 garçons rencontrés pendant le casting. Je les ai vus traverser ce paysage, émerveillés, à la recherche d'une place dans ce monde. Des images puissantes me sont apparues. Quelques heures plus tard, sans dire un mot, je me suis arrêtée, j'ai sorti mon carnet et j'ai écrit les premières notes de cette histoire : “Nous sommes les rois du monde”. » (Laura Mora, dossier de presse, Rezo Films)
Synopsis
Le jeune Rá vit avec ses amis Culebro, Sere, Winny et Nano dans les rues de Medellin. Leur espoir renaît lorsque le gouvernement promet à Rá le droit de récupérer la terre de laquelle sa famille avait été chassée, comme des milliers d'autres Colombiens, par les paramilitaires. La bande de copains se met donc sur la route périlleuse qui mène dans l'arrière-pays. Un voyage palpitant entre aventure et délire commence.
Bande-annonce du 23 février 2023 : youtube.com/watch?v=1xH2dThXG54
Dossier de presse et photos du film : rezofilms.com/fr/distribution/los-reyes-del-mundo
Crédits photo : Laura Mora au 70e Festival international du film de Saint-Sébastien. EFE/Juan Herrero pour El Colombiano.
Projection UGC : Rashomon
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Grâce à notre partenaire culturel UGC Ciné Cité Bordeaux, les élèves de l'option et de la spécialité Cinéma-audiovisuel découvrent Rashōmon, un drame japonais réalisé par Akira Kurosawa en 1950 et projeté en VOSTF le jeudi 16 mars 2023. Le film culte du cinéaste est de retour dans les salles à l'occasion d'une restauration 4K inédite qui permet aux spectateurs de redécouvrir cette œuvre charnière d'une immense valeur historique, inspirée de deux contes d'Akutagawa Ryunosuke, Dans le fourré et Rashōmon. Le récit est constitué d'un unique événement raconté selon différents points de vue mis en scène en flashbacks. Un procédé novateur pour l'époque, qui permet à Kurosawa de s'interroger sur la perception du réel et la notion de subjectivité. Lion d'Or au festival de Venise, le film ouvre les portes de l'Occident au cinéma japonais.
« Le succès mondial du film tant public que critique couronné par le Lion d'or et le prix de la critique italienne au Festival de Venise en 1951, ainsi que par l'Oscar du meilleur film étranger, ouvre ainsi une nouvelle ère pour le cinéma japonais qui va se lancer à corps perdu dans la production de Jidai-geki. Merveilleusement porté pas ses comédiens, Toshiro Mifune en tête, Rashōmon est une passionnante réflexion sur la relativité d'une certaine réalité et n'en finit pas de nous questionner sur nos faiblesses et notre capacité à les accepter et les reconnaître. » (dvdclassik.com)
Synopsis
Un paysan vient s'abriter d'une pluie torrentielle sous une vieille porte délabrée où se sèchent déjà un bûcheron et un prêtre. Ces derniers semblent ne rien comprendre à une affaire à laquelle ils ont été mêlés bien malgré eux. Un samouraï aurait été assassiné et sa femme violée ; quatre témoins du drame, dont le prêtre et le bûcheron, vont donner leurs versions des faits, toutes contradictoires…
Bande-annonce du 10 août 2022 : youtube.com/watch?v=ow6-8JKeQxU
Rencontre avec Jimmy Laporal-Trésor
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Grâce à l'un des élèves de terminale spécialité cinéma-audiovisuel, Barnabé Deschamp, nous avons eu l'immense plaisir d'inviter le mardi 14 mars 2023 au lycée Jimmy Laporal-Trésor, réalisateur de son premier long métrage, Les Rascals, sorti le 11 janvier 2023 dans les salles. Les élèves avaient découvert ce film exceptionnel à l'occasion de leur participation au Festival du film de Sarlat du 7 au 11 novembre 2022.
« Dès 2013, Jimmy Laporal-Trésor présente au réalisateur Manuel Chiche son idée de long métrage Les Rascals, film sur les gangs qui traquent les Noirs et les Arabes dans certains quartiers parisiens dans les années 1980. Afin d'assurer le financement du long métrage, Jimmy Laporal-Trésor tourne d'abord le court métrage Soldat noir, qui reprend un épisode dont le contenu ne rentre pas dans Les Rascals : Hughes, un jeune antillais se radicalise de plus en plus en raison de la France ouvertement raciste des années 1980 au point de devenir un « chasseur de skinheads ». Le court métrage est tourné en novembre 2020, en six jours, avec un budget de 80 000 euros. Le film est présenté, entre autres, dans le cadre de la Semaine de la critique du festival de Cannes 2021, où il est nommé pour le Prix Canal+ du meilleur court métrage. Soldat Noir est également nommé pour un César dans la catégorie du meilleur court métrage en 2022. Le tournage des Rascals commence finalement en juillet 2021. Situé en 1984, le film suit le gang des Rascals qui fait face au gang de néo-nazis skinhead Boneheads. Il travaille également sur une série télévisée comme suite directe du court métrage Soldat noir et entame l'écriture de son deuxième long métrage, Mé 67, initié dans le cadre de l'Atelier scénario de La Fémis, promo 2020-2021, sous la direction de Nadine Lamari. » (Source : Wikipédia)
Nous remercions sincèrement Jimmy Laporal-Trésor pour nous avoir confié quelques éléments issus de la réalisation des Rascals (scénario, extraits de découpage technique avec storyboard, direction artistique, etc.). Ces précieuses indications artistiques et techniques ont nourri un échange riche et passionnant avec les élèves. Nous avons hâte de retrouver Jimmy au lycée pour nous présenter son prochain travail !
♦ Quelle est l'envie première qui a motivé Les Rascals ?
« J'avais envie d'aller vers un cinéma typique des années 80, un cinéma populaire qui, en même temps, déroulait un propos sur la société. Aujourd'hui, on dirait que ce sont des films politiques mais à l'époque, ils étaient fabriqués comme des films populaires. Ce qui intéressait ces metteurs en scène, c'était, avant toute autre ambition, la relation avec le spectateur. Je pense à des cinéastes comme Costa-Gavras, qui ont toujours voulu faire du grand spectacle sans manquer d'y insuffler une vision du monde. On les classe du côté d'un cinéma très intellectuel, un cinéma d'idées, mais l'expérience du spectateur était cruciale chez eux. On trouve encore aujourd'hui des exemples dans le cinéma anglo-saxon, mais en France, on manque de ce cinéma populaire qui allie spectacle et fond. […] Quand j'étais petit, j'entendais plein d'argots différents selon le quartier où l'on se rendait : le “louchébem”, la langue de feu, la langue de java… Des langues auxquelles je ne comprenais rien mais que j'avais identifiées comme un code adolescent. Dans une bande, il y avait un look commun mais aussi un langage commun, secret, codé, que seuls les membres de la bande pouvaient comprendre. Dans une des premières versions du scénario, où l'enfance des Rascals était plus développée, Mandale était le fils d'un boucher, qui travaillait dans une boucherie chevaline, et à force d'entendre cet argot, il imposait le “louchébem” à la bande des Rascals. Même si nous avons a dû raccourcir cette partie, la langue est restée. Ça nous permettait de raconter une certaine France, car il y aussi l'argot de Manu, dans le bar, qui est plus du type Tontons flingueurs, typique de la France des années 50. » (Jimmy Laporal-Trésor, dossier de presse, The Joker Films)
♦ Avec Romain Carcanade, votre chef opérateur, quels ont été les premiers sujets abordés ?
« Romain et moi nous étions mis d'accord pour faire ensemble Soldat noir et Les Rascals – l'un n'allait pas sans l'autre. J'avais déjà des références visuelles en tête, plus particulièrement des références photographiques. Nous nous sommes vite rendu compte que nous avions les mêmes, notamment Saul Leiter (pionnier de la photographie couleur) qui aime bien travailler en contre-jour, avec des noirs profonds, des rouges très vifs. Sur Soldat noir, j'avais dit à Romain que je ne voulais pas partir sur une représentation des années 1980 habituelle, c'est-à-dire une image en 4/3, très colorée, très lumineuse. Je voulais un film froid, qui allait vers le bleu et surtout, je voulais tourner en scope. Je parle de Soldat noir car nous avons travaillé de la même manière sur Les Rascals : je fais mon découpage dans mon coin, un storyboard pour certaines séquences qui me semblent plus compliquées à visualiser. Si bien que quand je prépare Soldat noir avec Romain, nous ne parlons que du découpage, de sa pertinence, de comment l'améliorer, de la grammaire que je vais utiliser. Tout le travail effectué sur Soldat noir lui a permis de comprendre comment je fonctionnais, comment je voulais travailler. Parfois, certains réalisateurs laissent leur chef opérateur faire le découpage à leur place ; Romain était là pour optimiser un découpage déjà fait et il a pu se concentrer sur son travail de chef opérateur – travailler sur la fluidité, la composition des cadres. De plus, sur Soldat noir, je l'ai poussé à faire des choses dont il n'avait pas l'habitude et le fait que ça fonctionne sur le court lui a donné confiance pour le long. Soldat noir a établi une véritable relation de confiance entre lui et moi. » (Jimmy Laporal-Trésor, dossier de presse, The Joker Films)
♦ Quel portrait vouliez-vous faire de l'extrême droite de l'époque ?
« Grâce au personnage de Frédérique, le visage de l'extrême droite change des représentations habituelles. Dans les films, les politiques et les militants d'extrême droite sont souvent discrédités, comme si leur racisme venait du fait qu'ils étaient abrutis. C'est dangereux de laisser croire cela. Ils sont humains, traversés d'émotions et ils ont choisi de prendre le chemin de la haine. C'est avec Frédérique, pour qui on a d'abord de la compassion, qu'on va plonger dans ce monde, où les gens sont plutôt cohérents. Adam a le visage du gendre idéal. Ce sont des jeunes qui étudient dans de bonnes universités. Il y a même une histoire romantique entre Frédérique et Adam. Il est facile pour le spectateur de s'identifier. Puis, on plonge petit à petit dans l'enfer, avec eux. En réalité, il est impossible de schématiser les gens qui épousent des convictions haineuses. Cela pourrait arriver à n'importe quel être humain qui aura vu sa confusion ou sa détresse instrumentalisées par des personnes mal intentionnées. » (Jimmy Laporal-Trésor, dossier de presse, The Joker Films)
Synopsis
Les Rascals, une bande de jeunes de banlieue, profite de la vie insouciante des années 80. Chez le disquaire, l'un d'eux reconnaît un skin qui l'avait agressé et décide de se faire justice lui-même. Témoin de la scène, la jeune sœur du skin lui promet de se venger des Rascals. Alors que l'extrême droite gagne du terrain dans tout le pays, la bande d'amis est prise dans un engrenage. C'est la fin de l'innocence…
Bande-annonce du 29 novembre 2022 : youtube.com/watch?v=thumLqwMIXs
Dossier de presse et photos du film : thejokersfilms.com/les-rascals
Crédits photo : The Jokers Films.